Les 6 premiers mois de vie sont éprouvants,

Je me sens perdu dans ce monde de géants.

Seul, dans la nuit sur mon grand lit,

Je pleure, inquiet, j’entends des bruits.

Maman m’apaise au son de sa voix,

Papa me berce, enlacé dans ses bras.

À 2 ans, je marche et je cours,

Première chute, premier bobo, premier secours,

Allongé sur le sol, le visage tuméfié,

Je sens la douleur en moi, se manifester.

Maman accourt, faisant preuve d'un grand amour,

Anxieuse quand l'ambulance démarre au quart de tour.

Aujourd’hui encore, j’en porte les séquelles,

Sur le front et le menton, un léger stigmate corporel.

À 10 ans, véritable épreuve de la vie,

Papa nous quitte, sans aucun préavis,

Emporté par les méfaits de la cigarette,

Que de bons souvenirs me restent en tête,

Lors de ces longues balades à bicyclette.

Aucun autre homme ne pourra te remplacer,

Merci, Papa, pour ta générosité,

Je regrette tant ma grande timidité,

Gêné de te dire combien je t’ai aimé.

À 15 ans, j'assiste à des cours de catéchisme,

Me mettant en garde contre les dérives de l'islamisme,

On me parle du Père, du Fils et du Saint-Esprit,

Sans vraiment comprendre ce que je fais ici.

J'y participe pour le plaisir de maman,

Sans porter à Dieu un regard important.

Des questions restent pourtant non élucidées,

Notamment sur l’étrange principe de la trinité.

Comment Dieu peut-il être trois entités ?

Tout cela, personne n’a su me l’expliquer…

À 17 ans, première déception amoureuse,

Je souhaitais la combler, la rendre heureuse.

Mais de son choix déterminé, je fus surpris,

Salma voulait se préserver pour son mari.

Le cœur meurtri, la déception m'envahit,

J'en perds l'appétit, et dans l'alcool, me réfugie.

À 20 ans, en Licence d'Histoire,

Je fais une rencontre des plus notoires,

Karim, français et musulman,

Me parle de l'Islam et du Saint-Coran.

Convaincu que cette religion est Vérité,

Qu'Allah est l'Unique, digne d'être adoré,

Et que Muhammad* est Son Prophète et Messager,

Je me reconvertis un vendredi à la mosquée.

Que d'émotion en prononçant la Shahada,

Je revois mon frère Karim en plein émoi,

Proclamant la grandeur d'Allah, subhannahu wa ta’ala.

À 21 ans, je fais part à Maman de ma reconversion,

Qu'elle finit par accepter sans grande conviction.

De là, mon mode de vie est bouleversé,

Alcool, porc et soirées, tout cela est prohibé.

Récitation, inclinaison et prosternation,

Telles sont devenues mes principales préoccupations.

À 24 ans, je fais les causes pour trouver ma moitié,

Celle qui partagera ma vie ainsi que mon foyer.

On me parle d'une sœur connue pour sa piété,

Discrète, droite, posée et bien éduquée.

Je décide de rencontrer son père un dimanche d’été.

Et qu'elle fut ma surprise en la voyant entrer,

Couverte de son vêtement pudique et légiféré,

C'était Salma, mon premier amour en classe de lycée.

Je comprends à présent ton souhait de te préserver,

Et te suis reconnaissant d'avoir tant patienté.

Tu m'avoueras plus tard avoir invoqué pour ma guidée,

Et je remercie le Seigneur des cieux de t'avoir exaucé.

Deux mois plus tard, nous célébrions notre union,

Avec nos familles présentes, nous nous réjouissions,

De pouvoir vivre notre vie à deux en toute soumission,

À Allah l'Exalté, seul, sans association.

À 25 ans, départ organisé pour la 'Omra,

Direction la Terre Sainte de Mecca,

Mes larmes coulent en voyant la Ka’aba,

Première maison érigée pour le Visage d'Allah.

Une expérience inoubliable en ce lieu sacré,

Où viennent des musulmans du monde entier,

Sans distinction d’origine, de couleur ou de piété.

Leur but unique : Adorer Allah, le Très-Élevé,

Sur les pas du Prophète Muhammad*, le loué.

.

À 26 ans, je décide finalement de quitter la France,

Ce pays dans lequel j'ai grandi en toute insouciance,

Dévoilant son islamophobie en toute circonstance.

Beaucoup y sont attachés, craignant pour leur subsistance,

Alors qu'Allah a promis au mouhajir, maints refuges et abondance.

Nous faisons hijra en terre musulmane d'Algérie,

Qui compte bon nombre de savants salafis,

Parmi eux, Sheikh Ferkous, Sheikh Azhar et Sheikh Ramadani.

N'en déplaise aux hizbis takfiris,

Qui rendent mécréant le gouverneur à la tête du pays.

Patience et endurance sont les mots clés,

Lors des premiers mois qui suivent notre arrivée.

La barrière de la langue fut pour moi une difficulté,

Mais avec l'aide d'Allah, tout devient facilité.

Nous voilà à présent bien installés,

Et la promesse d'Allah est certes Vérité,

Pour celui qui quitte son confort et ses protégés,

Pour venir en terre d'Islam, vivre en toute simplicité.

Quel bienfait d'entendre l'adhan du haut des mosquées,

De participer à des leçons de religion en toute gratuité,

Et de ne plus croiser dans la rue, des femmes quasi-dénudées.

Quelques mois plus tard, tu m’annonces porter la vie en toi,

Ô Salma, quel beau cadeau, je n’m’en remets pas.

Nous apprenons que nous attendons un petit garçon,

Qu’Allah en fasse un homme pieux à l’image des Compagnons,

Meilleure génération que la Terre n’est jamais portée,

Après les Prophètes et Messagers,

A leur tête, Muhammad* le bien guidé.

Toutes les louanges reviennent à Allah.

Nous le remercions infiniment pour ces niعmas.

Et nous l'implorons qu'Il nous préserve du mal et des fitnas.

C'est Lui seul, certes, qui exauce les duعas.

Qu'Allah facilite à tous les frères, la Hijra !

✹ ✺ ✻ ✼ ✽ ✾ ✿ ❀ ❁ ❂ ❃ ❇ ❈ ❉ ❊ ❋

✎ Écrit les 01 et 02 juin 2015 ✐ un frère sur twitter