• "La différence entre le conseil et la critique -"

    Au Nom d'Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux.

     

    Toute la louange est à Allah, Seigneur des Mondes, que Sa prière et Ses Salutations soient sur celui qui craint le plus Allah, le sceau des prophètes (Muhammad -salla Allahou ‘alayhi wa salam-), sa famille, ses compagnons et tous ceux qui les ont suivi dans le bien, jusqu'au Jour Dernier.

     

    Voici quelques paroles résumant et regroupant ce qui a trait à la différence entre conseiller et condamner. Ces deux termes sont presque synonymes dans le sens où il s’agit de dire au sujet d'une personne ce qu’elle n’aimerait pas que l’on dise d’elle. Cependant, la différence entre les deux peut être mal comprise par nombre de gens. Et Allah est Celui qui garantit la bonne compréhension.

     

    Sache que dire au sujet d'une personne ce qu'elle n'aimerait pas entendre (la concernant) est interdit, si c’est dans le seul but de la rabaisser et d’afficher ses fautes et ses défauts.

     

    Cependant, s'il y a dans cette mention (du défaut), un bénéfice pour la masse des Musulmans – surtout pour certains d'entre eux – et que le but derrière cela est d’atteindre ce bénéfice, alors cela n'est pas interdit, mais plutôt recommandé.

     

    Les savants du Hadith ont confirmé cela dans leurs livres sur le sujet du « Jarh wat- Ta'dîl »  en déclarant qu'il y a une différence entre critiquer les rapporteurs de hadith,  et  la  médisance.  Ils  ont  également  réfuté  ceux  qui  assimilent  ces  deux termes, parmi les fervents adorateurs, ou ceux qui ne possèdent pas beaucoup de science.

     

    De plus, il n'y a aucune différence entre :

     

    1 - Critiquer les narrateurs d'un des savants du hadith (huffâdh) et distinguer ceux dont les narrations doivent être acceptées et celles qui ne le sont pas.

     

    2 - Montrer l'erreur de celui qui s'est trompé dans la compréhension des sens du Livre et de la Sunnah, en donnant des interprétations erronées, et qui s'est attaché à quelque chose de faux. Ceci afin que cette personne ne soit pas suivie dans la faute commise. Les savants sont également unanimes sur la permission de faire cela (la clarification).

     

    C'est pourquoi nous trouvons que leurs livres sur les nombreuses sciences de la religion, comme le tafsîr (exégèse du Saint Coran), l'explication du hadith, le fiqh (jurisprudence), la divergence entre les savants etc., contiennent beaucoup d'arguments  et de réfutations des déclarations de ceux dont les paroles ont été rendues faibles parmi les savants du passé et du présent, parmi les Sahabah (compagnons), les Tabi'in (génération qui les a suivi), et ceux qui vinrent après eux.

     

    Aucun des gens de science n'a délaissé ce principe. Et aucun n’a prétendu, dans sa réfutation, vouloir dénigrer, rabaisser ou diffamer les individus dont les paroles ont été réfutées. A moins que l'auteur (qu'il a réfuté) fasse partie de ceux dont la parole était vulgaire et qui affichaient de mauvaises manières en s'exprimant. En ces circonstances, sa vulgarité et son vice sont dénoncés, en dehors de sa réfutation et de son opposition envers lui, en se basant sur des arguments religieux solides et des preuves irréfutables. La raison de tout cela est l’unanimité des savants de cette Religion sur la volonté d’exposer la vérité qu'Allah a envoyée par Son prophète -salla Allahou ‘alayhi wa salam-, afin que toute la religion soit purifiée pour Allah (Seul) et pour que Sa parole soit la plus haute.

     

    De plus, ils admettent tous que l’acquisition de la totalité de la science, sans en négliger quelque partie que ce soit, est un niveau qu'aucun d'entre eux n'a et ne prétend avoir atteint, que ce soit les savants du passé ou du présent. C'est pourquoi, les Imams des Salaf (Pieux Prédécesseurs) – ceux dont la science et les mérites sont reconnus par tous – acceptaient la vérité de la part de qui que ce soit, même si cette personne était jeune. Et ils exhortaient leurs collègues et disciples à accepter la vérité si elle se trouvait chez autres qu’eux.

     

    Un exemple de cela peut être trouvé dans la parole de 'Umar -qu’Allah l’agrée- lorsqu'il prononça son opinion concernant la dot de la femme. Une femme lui répondit en récitant la Parole d'Allah :

     

    « Si vous voulez substituer une épouse à une autre, et que vous ayez donné à l'une un qintâr, n'en reprenez rien. Quoi! Le reprendriez-vous par injustice et péché manifeste ? »

    [an-Nisaa, 20]

     

     

    Après cela, 'Umar revint sur son opinion et dit : « Une femme a dit vrai et un homme s'est trompé. » Il a également été rapporté qu'il a dit : « Tout le monde a plus de compréhension dans le Fiqh que 'Umar. »

     

    Quelques savants célèbres disaient sur le fait de se forger une opinion  sur une question : « Ceci est notre opinion, celui qui nous apportera un avis meilleur, nous l'accepterons (de lui). »

     

    L'Imam Al-Shâfi'i -qu’Allah lui fasse Miséricorde- était très rigoureux dans cette compréhension, ainsi, il incitait ses compagnons à suivre la vérité et à accepter la Sunnah si elle leur apparaissait contradictoire à leurs (propres) opinions. Il les encourageait à « jeter leur avis contre le mur » (les abandonner). Il disait dans ses ouvrages : « Il n'y a aucun doute que vous y  trouverez  (dans  mes opinions)  ce qui  contredit  le Livre  et la Sunnah, car Allah, Le Plus Haut, a dit :

     

    « Ne méditent-ils donc pas sur le Coran ? S'il provenait d'un autre qu'Allah, ils y trouveraient certes maintes contradictions ! »

    [an-Nisaa, 82]

     

    Et qu'y a-t-il de plus éloquent que sa parole : « Aucun n'a débattu avec moi sans que je n'ai remarqué que la vérité se manifestait aussi bien sur ma langue que sur la sienne. »

     

    Cela indique que son intention n'était que de montrer la vérité, même si elle se manifestait sur la langue d'un autre que lui, parmi ceux avec qui il a débattu ou qui ont divergé avec lui.

     

    Quiconque possède ce type de comportement, alors il ne détestera pas voir son opinion réfutée, ou que sa contradiction avec la Sunnah soit montrée, que ce soit durant sa vie ou après sa mort.

     

    C'est la voie que les savants de l'Islam du passé et du présent – ceux qui en sont les protecteurs et qu'ils s'efforcent d'élever – utilisaient pour "parler" des gens. Ils ne détestaient pas recevoir un avis (différent du leur) de la part de ceux qui les contredisaient avec une preuve qu'on leur présentait. Ceci, même si cette preuve n'était pas forte, ils l'acceptaient et abandonnaient leur preuve pour celle-ci (qui leur avait été présentée).

     

    C'est pourquoi l'Imam Ahmad mentionnait Ishâq bin Rahawayh -qu’Allah leur fasse Miséricorde-  en le louant et le recommandant. Et il disait : « Même s’il diverge sur quelques questions, de toute manière, les gens ne cesseront d'être en divergence entre eux. » Ou une autre parole du même sens.

     

    Et on lui présenta plusieurs fois les paroles de Ishâq et d'autres Imams, ainsi que les sources à partir desquelles ils avaient forgé leurs opinions, il n’était pas d'accord avec eux, mais il ne rejetait pas leurs avis et leurs argumentations, même s'il ne les approuvait pas.

     

    L'Imam Ahmad  -qu’Allah lui fasse Miséricorde-  appréciait ce qui était rapporté de Hâtim al-Asam, lorsqu'on lui dit : « Tu n'es pas Arabe et tu ne parles pas avec éloquence, pourtant personne ne débat avec toi sans que tu ne le fasses taire. Comment prends-tu le dessus sur tes adversaires  ? »  Il répondit  : « Par  trois  choses :  Je suis  heureux lorsque mon opposant dit vrai,  et je m'attriste lorsqu'il se trompe. Je retiens ma langue face à lui, de peur que je ne dise quelque chose qui le blesserait. » – ou une parole du même sens – alors Ahmad a dit : « Que cet homme est sage ! »

     

    Donc, réfuter des opinions faibles et montrer la vérité en considérant ce qui lui est opposé, en se basant sur des preuves légiférées, ne font pas partie de ce que ces savants réprouvent, mais de ce qu'ils apprécient, et ils recommandent et louent ceux qui le font.

     

    Cela n'entre donc absolument pas dans la catégorie de la médisance. Mais supposez que quelqu'un désapprouve que soit dénoncée son erreur contraire à la vérité. Dans ce  cas,  il  n'y  a  aucune  considération  à  avoir  pour  cette  désapprobation,  car réprouver que la vérité soit montrée, si elle est en opposition à l'avis de l'individu, ne fait pas partie des choses louables.

     

    C'est plutôt une obligation pour le Musulman d'aimer que la vérité soit clarifiée et que les Musulmans soient mis au courant, qu’elle soit conforme ou contraire à son avis personnel.

     

    Cela fait partie du conseil sincère (nasihah) envers Allah, Son Livre, Son Messager, Sa Religion, les dirigeants et la masse des Musulmans. Et ceci, en fait est l’essence même de la Religion, comme le Prophète -salla Allahou ‘alayhi wa salam- nous en a informés.

     

    Quant au fait de dénoncer une erreur d'un savant qui s'est trompé dans le passé, si la personne adopte un bon comportement dans ses paroles et perfectionne sa réfutation et sa répartie, alors il n'y a aucun mal et il ne sera pas blâmé. Si cela se passe mal, alors il n'a pas commis de péché non plus.

     

    Lorsque les Salafs entendaient une parole qu'ils réprouvaient, ils disaient : « Cette personne  n'a  pas  dit  vrai. »  Cet  exemple  est  tiré  de  la  parole  du  Prophète -salla Allahou ‘alayhi wa salam- : « Abu As-Sanâbil n'a pas dit vrai. », lorsqu'il apprit qu'il avait émis le jugement selon lequel une femme, dont le mari était décédé alors qu'elle était enceinte, n'avait pas le droit de se marier avant quatre mois et dix jours (après la mort de son époux).

     

    Les Imams vertueux étaient très rigoureux dans le rejet  des opinions faibles de savants. Ils les ont réfutées avec le meilleur degré de réfutation, comme l'Imam Ahmad  avait  critiqué  Abu  Thawr  et  d'autres  pour  leurs  opinions faibles et isolées. Et il était très sévère dans sa réfutation.

     

    Tout cela est de l'ordre de l'apparent, quant à ce qui ne l’est pas, si le but est seulement de montrer la vérité afin que les gens ne tombent pas dans l’erreur à cause des paroles d'une personne qui s'est trompée dans ses opinions, alors il n'y a aucun doute que cette personne sera récompensée selon cette intention et qu'avec cet acte et cette intention, il rentre dans la catégorie de ceux qui conseillent pour Allah, Son Messager, les dirigeants et la masse des Musulmans. Ceci, que la personne qui dénonce l'erreur soit jeune ou âgée.

     

    Nous avons un exemple de réfutations de savants à l’encontre d’Ibn 'Abbas -qu’Allah l’agrée-,  dont  certaines positions  avec  lesquelles  il  s’était  marginalisé, avaient été rejetées par les savants, comme [sa position concernant] al-mut'ah (mariage temporaire), as-sarf (le troc), les deux 'Umrah et d'autres…

     

    Nous pouvons également citer l'exemple de ceux qui ont réfuté l'opinion de Sa'id Ibn Al-Musayyib qui permet à la femme qui a été divorcée trois fois (de se remarier avec son ex-époux) si elle s’est mariée avec un autre seulement avec le contrat (de mariage), et d'autres avis qui contredisent la Sunnah fermement établie.

     

    Il y a aussi des savants qui ont contredit Al-Hasan sur son avis selon lequel une femme peut ne pas faire le deuil de son mari décédé, d'autres qui réfutèrent 'Ataa pour son autorisation du « prêt de soulagement », Tawous dans beaucoup de questions avec lesquelles il diverge des savants, et  d'autres envers  lesquels  les  Musulmans sont  unanimes quant  à  leur guidée, leur science, et leur respectabilité.

     

    Et aucun savant n’a dénigré ni n’a rabaissé ceux qui n’étaient pas du même avis qu’eux et leurs semblables.

     

    Les Livres des savants musulmans du passé et présent, comme les livres de Al-Shafi'i, Ishâq, Abu 'Ubayd, Abu Thawr et les savants du Hadith et du Fiqh qui leur ont succédé, contiennent beaucoup d’expositions de ces opinions. Et si nous devions les mentionner, cela prendrait beaucoup de temps.

     

    Mais si l'intention de celui qui réfute est de dénigrer celui qui est réfuté et de le rabaisser en montrant son ignorance et son manque de savoir, alors cela est interdit, que la réfutation soit faite en présence de l'intéressé ou en son absence, durant sa vie ou après sa mort. Cela rentre dans la catégorie des actes condamnés par Allah ta’âla  dans Son Livre et Il menace celui qui le commet, pour sa diffamation et sa médisance. Cela est aussi concerné par la parole du Prophète -salla Allahou ‘alayhi wa salam- :

     

    « Ô vous qui croyez avec vos langues mais pas avec vos cœurs ! Ne causez pas de tord aux Musulmans et ne recherchez pas leurs fautes, car celui qui cherche leurs erreurs, Allah recherchera ses erreurs, et celui dont Allah cherche les fautes, Il l'humiliera, même s'il les a commises dans l'intimité de sa propre maison. »

     

    Toutes ces paroles concernent les savants qui servent de références dans la Religion, quant aux gens de l'innovation et de l'égarement, et ceux qui imitent les savants mais n'en font pas partie, alors il est permis de dénoncer leur ignorance et de montrer leurs défauts dans le but d'avertir ceux qui les suivent.

     

    Cependant, ce point est en dehors du sujet. Et Allah sait le mieux.

     

     

    Les Différentes formes du Conseil

     

     

    Si l'on sait d'une personne que, par sa réfutation, elle a pour but le conseil sincère envers Allah et Son Messager, alors elle doit être traitée avec respect, gentillesse et admiration, comme ce fut le cas pour tous les grands savants de l’Islam, dont les exemples ont été cités précédemment, ainsi que ceux qui les ont suivi dans le bien.

     

    Mais si l'on sait que cette personne désire injustement le rabaissement, la calomnie et lé dévoilement des fautes d’une personne, alors elle mérite d'être confrontée à une action disciplinaire afin de le dissuader, lui et ses semblables d'accomplir ces actes abjects et interdits.

     

    Et parfois, l'intention peut être connue par la reconnaissance et l’aveu de celui qui réfute, et parfois par des soupçons soulevés par ses actes et ses paroles. Donc celui qui est connu pour sa science, sa religion, son respect et son estime pour les savants de l’Islam, il n'effectuera pas la réfutation (radd) et la dénonciation de l'erreur sans que ce soit d'une manière approuvée par les savants.

     

    Quant  aux  livres  et  travaux  de  recherches,  il  est  obligatoire  de  comprendre  les paroles de l'auteur selon son intention originelle. Et quiconque comprend ses paroles d'une autre manière – alors que sa condition est ce qui a été cité (comme bien) – alors il fait partie de ceux qui pensent du mal et soupçonnent ceux qui sont innocents. Et cela fait partie des types de soupçons qu'Allah et Son Messager -salla Allahou ‘alayhi wa salam- ont interdits. Il est dont concerné par la parole d'Allah -salla Allahou ‘alayhi wa salam- :

     

    « Et quiconque acquiert une faute ou un péché puis en accuse un innocent, se rend coupable alors d'une injustice et d'un péché manifeste. »

    (An-Nisaa, 112)

     

    Ceci, car soupçonner une personne qui ne manifeste aucun signe de mal, est une chose qu'Allah et Son Messager ont interdite, puisque celui qui a de telles pensées combine une faute et un pêché ainsi que le fait d’accuser une personne innocente de cela.

     

    Il est encore plus concerné par cette menace si apparaissent en lui (celui qui a des pensées soupçonneuses) des signes de mal, comme l'injustice, l'hostilité, le peu de piété, une mauvaise langue, la médisance et la calomnie excessives, l’envie des gens à qui Allah a accordé Sa faveur et Sa miséricorde, et un fort attachement à la compétition pour obtenir une position d'autorité avant un certain temps.

     

    Donc si ces caractéristiques, que n'agréent pas les gens de science et de la foi, sont reconnues chez une personne, alors il ne pense que du mal des savants. Et si l'une de leurs réfutations est basée selon  le deuxième cas mentionné, il mérite d'être considéré avec mépris.

     

    Et celui qui ne possède aucun des signes qui montrent un problème particulier, alors c'est une obligation de prendre et d'accepter ses paroles de la meilleure manière, et il n'est pas permis de les prendre d'une manière négative.

     

    'Umar -qu’Allah l’agrée- a dit : « N'aie pas de pensées suspectes à cause d'un mot prononcé par ton frère, mais essaye de n'y trouver que le bien. »

     

     

    Comment conseiller ?

     

     

    Dans ce chapitre nous discuterons de la situation d'un homme face à qui l'on dit une chose qu'il n'aime pas [entendre]. Si cela est fait avec l'intention sincère de le conseiller, alors c'est une bonne chose. Certains Salafs disaient à certains de leurs frères : "Ne me conseille pas tant que tu ne me diras pas en face ce que je déteste [entendre]." Donc lorsqu'une personne informe son frère d'un défaut pour qu'il s'en éloigne,  c'est  une  bonne  chose  que  d'être  informé  de  ses  défauts  afin  de  s'en excuser, si excuse il y a.

     

    Mais si ce conseil est effectué avec la [seule] intention de le blâmer à cause d'un pêché [qu'il aurait commis], alors cela est répréhensible et condamnable. Une personne interrogea un des Salafs : "Aimerais-tu  que quelqu'un t'informe de tes défauts ?" Il répondit : "S'il fait cela dans l'intention de me blâmer, alors non."

     

    Blâmer et condamner une personne pour un pêché qu'elle a commis est interdit. Le Prophète -salla Allahou ‘alayhi wa salam- a interdit la condamnation d'une femme fornicatrice, même s'il a ordonné qu'elle soit flagellée. Elle est donc fouetté conformément aux peines religieuses (hudûd), mais elle n’est pas condamnée pour son pêché, et elle n’est pas blâmée non plus pour cela.

     

    Il est rapporté par al-Tirmidhi et d'autres un hadith « marfu’ » :

     

    "Celui qui condamne son frère pour un pêché (qu'il a commis) ne mourra pas avant qu'il l'ait commis lui-même."

     

    Le hadith fait référence à un pêché dont la personne s'est repentie.

     

    Al-Fudayl a dit : « Le croyant  cache [le pêché de son frère] et le conseille, alors que le débauché (al-fâjir) le diffame et le condamne. »

     

    C'est ce qu'a mentionné Al-Fudayl comme caractéristiques du conseil et de la condamnation ; le conseil étant lié au secret tandis que condamner est lié à la diffamation.

     

    On disait : " Celui qui commande son frère [à faire le bien] au début d'une réunion, alors il l'a condamné." (Ou une autre parole du même sens)

     

    Les Salafs n'aimaient pas qu'ordonner le bien et interdire le mal soit fait de cette manière. Ils préféraient que cela soit fait en privé entre la personne qui ordonne et celle qui est ordonnée, car c'est une des caractéristiques du conseil sincère. Ceci car celui qui conseille n’a pas pour but de répandre et de rendre publiques les fautes de la personne conseillée, son intention est plutôt de mettre fin au mal dans lequel il est tombé.

     

    Répandre et exposer les fautes d'une personne fait partie de ce qu'Allah et Son

    Messager -salla Allahou ‘alayhi wa salam- ont interdit. Allah dit :

     

    « Ceux qui aiment que la turpitude se propage parmi les croyants auront un châtiment douloureux, ici-bas comme dans l'au-delà. Allah sait, et vous, vous ne savez pas. Et n'eussent été la grâce d'Allah sur vous et Sa miséricorde et (n'eût été) qu'Allah est Compatissant et Miséricordieux... »

    [An-Nûr : 19-20]

     

    Les hadiths concernant le bien dans le fait de dissimuler les fautes des autres sont nombreux.

     

    Certains savants disaient à ceux qui ordonnaient le bien : "Efforce-toi de cacher les fautes des pêcheurs, car les exposer montre une faiblesse en Islam. Ce qui mérite le plus d'être dissimulé sont les fautes d'autrui."

     

    C'est pour cette raison que répandre les actions indécentes d'une personne est lié à la condamnation. Ces choses font parties des caractéristiques des débauchés [fujjâr] car le débauché n'a pas l'intention de mettre fin à une faute, ni de faire éviter au croyant une erreur ou un défaut. Mais son seul but est de répandre et de rendre publiques  les  défauts  de  son  frère  croyant,  ainsi  que  de  porter  atteinte  à  son honneur. C'est lui qui initie cela et le répète. Et son intention est de rabaisser son frère croyant en montrant ses défauts aux gens, afin qu'il subisse un préjudice dans ce monde.

     

    Mais en ce qui concerne le conseiller sincère [an-nâsih], son but en faisant cela est de retirer les fautes de son frère et de l'aider à les éviter. C'est ce qu'Allah Le Plus Haut, a dit au sujet de Son Messager -salla Allahou ‘alayhi wa salam- :

     

    « Certes, un Messager pris parmi vous, est venu à vous, auquel pèsent lourd les difficultés que vous subissez, qui est plein de sollicitude pour vous, qui est compatissant et miséricordieux envers les croyants. »

    [At-Tawba, 128]

     

    Et Il a décrit ses Compagnons en disant :

     

    « Muhammad est le Messager d'Allah. Et ceux qui sont avec lui sont durs envers les mécréants, miséricordieux entre eux. »

    [Al-Fath, 29]

     

    Et  Il  a  décrit  les  croyants  avec  les  qualités  de  patience,  d’encouragement  à  la miséricorde [entre eux].

     

    Mais ce qui conduit le débauché à propager le mal et de rabaisser [son frère] est la force et la dureté, son amour de la méchanceté envers son frère et de lui infligé du mal. Ce sont les caractéristiques de Shaytân, celui qui embellit aux fils d'Adam la mécréance, la débauche et la désobéissance, afin qu'ils fassent partie des habitants de l'Enfer, comme Allah dit :

     

    « Le Diable est pour vous un ennemi. Prenez-le donc pour un ennemi. Il ne fait qu'appeler ses partisans pour qu'ils soient des gens de la Fournaise. »

    [Al-Fâtir, 6]

     

    Et Il dit, après nous avoir raconté l'histoire de Iblîs lorsqu'il était avec le prophète d'Allah Adam -‘alayhis-salâm-, et qu'il l'a trompé au point que cela le fit sortir du Paradis :

     

    « Ô enfants d'Adam! Que le Diable ne vous tente point, comme il a fait sortir du Paradis vos père et mère, leur arrachant leur vêtement pour leur rendre visibles leurs nudités. »

    [Al-A'râf, 27]

     

    Il y a donc une nette différence entre celui dont l'intention est de conseiller (nasîha) et celui dont le but est d’humilier (fadhîha) ! Et personne ne confond ces deux types de personnes, sauf celui dont la raison n’est pas saine.

     

     

     

     

     

    Le Châtiment

     

     

    Le Châtiment de celui qui répand les mauvaises actions de son frère croyant, recherche ses fautes et expose ses défauts, est qu'Allah cherchera ses propres fautes et l'humiliera (en les exposant), même s'il les a commises en privé, dans sa propre maison. Ceci est basé sur ce qui a été rapporté du Prophète -salla Allahou ‘alayhi wa salam- selon plusieurs versions, et l'Imam Ahmad, Abu Dawud et At-Tirmidhi l'ont transmis à partir de nombreuses voies de narration. [29]

     

    At-Tirmidhi a transmis un hadith rapporté par Wathilah ibn al-Aqsa, du Prophète

    -salla Allahou ‘alayhi wa salam- qui a dit :

     

    « Ne te réjouis pas du malheur [pêché] de ton frère, ou Allah lui pardonnera et t'éprouvera avec ce même pêché. »

     

    Et il (At-Tirmidhi) a dit que c'est un hadith hasan gharib. Il a également rapporté le hadith de Mu'adh -qu’Allah l’agrée- dans une forme marfu' :

     

    « Celui qui condamne son frère à cause d'un pêché (qu'il aurait commis) ne mourra pas avant de l'avoir commis (lui-même). »

     

    Sa chaîne de narration est munqati' (interrompue).

     

    Al-Hasan (Al-Basri) a dit : « On disait : 'Quiconque  condamne  son frère pour un pêché dont il s'est repenti,  ne mourra pas avant qu'Allah  l'ait  éprouvé (avec ce pêché). » [31]

     

    Et il est rapporté du hadith d'Ibn Mas'ud -qu’Allah l’agrée- avec une chaîne de narration qui contient une faiblesse : « Le malheur est lié aux paroles. Si un homme condamne un autre en disant qu'il a été allaité par une chienne, alors celui (qui a dit cela) sera également allaité par cette chienne. »

     

    Une parole du même sens a été rapportée par un groupe parmi les Salafs.

    Et lorsque Ibn Sirin n'arriva pas à rembourser une dette, et qu'il dut aller en prison à cause de cela, il dit : « J'ai  conscience  du pêché (que j'ai  commis)  par lequel  il m'arrive cela : j'ai condamné un homme il y a quarante ans en lui disant "Ô toi qui est ruiné" [Yâ muflis] »

     

     

     

    La Critique

     

     

    Parmi les caractéristiques les plus évidentes de la critique on trouve : dénoncer le mal d'une personne et le propager sous le prétexte du conseil, prétendant que seuls ces défauts le poussent à faire cela, d'une manière générale ou particulière. Mais en fait, son véritable but n'est que de le condamner et de lui causer du tord. Il fait donc partie des frères hypocrites, qu'Allah a dénigrés dans Son Livre à de nombreux endroits. En effet Allah ta’âla  a dénoncé ceux qui montrent une bonne action ou parole   à l'extérieur, alors qu'à l'intérieur, ils ont l'intention d'atteindre un but malfaisant. Et Il a considéré cela comme une des caractéristiques de l'hypocrisie, comme cité dans Surat Al-Baraa dans laquelle Il humilie les hypocrites en dénonçant leurs attributs insidieux :

     

    « Ceux qui ont édifié une mosquée pour en faire (un mobile) de rivalité, d'impiété et de division entre les croyants, qui la préparent pour celui qui auparavant  avait combattu Allah et son Envoyé et jurent en disant: "Nous ne voulions que le bien!" (Ceux-là), Allah atteste qu'ils mentent. »

    [At-Tawbah : 108]

     

    Et Allah dit :

     

    « Ne pense point que ceux-là qui exultent de ce qu'ils ont fait, et qui aiment qu'on les loue pour ce qu'ils n'ont pas fait, ne pense point donc, qu'ils trouvent une échappatoire au châtiment. Pour eux, il y aura un châtiment douloureux! »

    [Aal-Imran : 188]

     

    Ce verset fut révélé pour les Juifs lorsque le Prophète -salla Allahou ‘alayhi wa salam- les interrogea sur une chose qu'ils gardèrent secrète, en lui répondant par autre chose tout en lui faisant croire qu'ils avaient répondu à sa question. Puis ils demandèrent sa reconnaissance et se réjouirent de ce qu'ils avaient gagné en dissimulant cela et parce qu'il -salla Allahou ‘alayhi wa salam- les avait interrogés. C'est ce que déclare Ibn ‘Abbas -qu’Allah l’agrée- dans son hadith rapporté dans les deux Sahih et d'autres.

     

    Abu Sa'id Al-Khudri -qu’Allah l’agrée- a dit :

     

    « Il  y  avait  un  groupe  d'hommes  parmi  les  hypocrites  qui,  lorsque  le  Messager d'Allah  -salla Allahou ‘alayhi wa salam- partait en expédition  militaire,  s'abstenaient de l'accompagner. Et ils étaient satisfaits de s'opposer au Messager d'Allah -salla Allahou ‘alayhi wa salam- en  restant  (au  lieu  d’aller  combattre).  Et  quand  le Messager  d'Allah  -salla Allahou ‘alayhi wa salam- revenait,  ils  lui  présentaient  des excuses et lui juraient. Ils aimaient être loués pour ce qu'ils n’avaient pas fait, alors ce verset fut révélé. »

     

    Ces caractéristiques sont donc celles des Juifs et des hypocrites. C'est le fait qu'une personne affiche un acte ou une parole en apparence, tout en se faisant passer comme quelqu'un de bien, mais son intention est d'accomplir un but mauvais. Il est donc loué pour le bien qu'il a manifesté en apparence, tout en atteignant par cela un but mauvais qu'il dissimule intérieurement. Et il se plait des louanges qu'il reçoit pour  sa bonne  apparence,  alors qu'en  fait,  il  est  mauvais  à  l'intérieur,  et  il  est satisfait lorsque son but mauvais est atteint. Le bénéfice est donc parfait pour lui et son plan est achevé grâce à cette tromperie !

     

    Quiconque dont le seul souci est ce comportement, est concerné par la menace de ce verset,  il sera donc puni d'un terrible châtiment. Un exemple : lorsque quelqu'un souhaite diffamer un homme, le rabaisser en exposant ses fautes pour que les gens s'éloignent de lui. Il fait cela soit  parce qu'il aime lui causer du tord, à cause de sa haine envers lui, ou parce qu'il le craint à cause d'une rivalité qui existe entre eux dans les biens, le commandement, ou d'autres causes blâmables. Il n'a donc pas trouvé d'autre moyen d'atteindre son but qu'en le rabaissant publiquement en prétextant une raison religieuse, par exemple un savant a réfuté une opinion faible parmi les nombreuses connues chez un savant réputé. Cet individu mauvais répand cela parmi les gens qui respectent ce savant, en disant : "Cette personne (qui a fait cette réfutation) déteste ce savant, il ne fait que le rabaisser et le critiquer."

     

    Donc en faisant cela, il (l'individu mauvais) trompe tous ces gens qui tiennent ces savants en estime, en leur faisant croire que cette réfutation est issue de la haine ou que c'est une insulte envers celui qui est réfuté, et que son acte n'est qu'audace et arrogance. Alors il (l'individu mauvais) défend (en apparence) ce savant et répare les préjudices qui lui ont été causés. C'est un acte qui rapproche d'Allah et de Son obéissance, cet  individu combine donc son  apparence de "conseiller" avec deux choses horribles et interdites :

     

    1. L'insinuation que cette réfutation d'un savant d'une autre opinion provient de la haine, recherchant le dénigrement (de l'autre savant), et que c'est le résultat du suivi des passions. Mais (en réalité), il ne désire que conseiller les croyants et faire connaître certains aspects de la science qu'il est interdit de garder pour soi.

     

    2. Il (l'individu mauvais) manifeste et magnifie la critique (du savant envers l'autre savant), afin qu'il puisse assouvir son désir et atteindre son but maléfique sous le prétexte du conseil et de la défense des savants de la Religion.

     

    Ce type de complot maléfique est similaire à l'injustice et l'oppression employées par la tribu de Marwân et leurs adeptes, qui ont gagné l'affection des gens et en même temps, ils détournèrent leurs cœurs de 'Ali bin Abi Talib, Al-Hasan, Al-Husayn et leurs descendants, qu'Allah soit satisfait d'eux tous.

     

    Lorsque Uthmân -qu’Allah l’agrée- fut assassiné, la nation musulmane ne voyait personne qui méritait de lui succéder en dehors de 'Ali -qu’Allah l’agrée-, les musulmans lui prêtèrent donc allégeance. Les gens qui essayèrent de détourner les gens de lui   atteignirent leur objectif en rappelant le meurtre outrageant et scandaleux de Uthmân. Et ce fut comme ils dirent, mais ils rajoutèrent que celui qui était responsable de ce meurtre n'était autre que 'Ali -qu’Allah l’agrée- ! C'était un mensonge et une calomnie à son encontre !

     

    'Ali jurait et prêtait serment pour démentir cette accusation, et il avait l’habitude d’être véridique et sincère dans son serment, qu'Allah soit satisfait de lui. Mais ils commencèrent à le combattre, prétendant que leur combat était pour la Religion et pour plaire à Allah, puis ils se mirent à combattre ses enfants, que la satisfaction d’Allah soit sur eux. Ces individus s'efforcèrent de rendre public ce mensonge, en le propageant dans les mosquées les jours de prière du vendredi, et dans d'autres occasions qui rassemblaient beaucoup de monde. Ceci continua jusqu'à ce que s'établisse dans les cœurs de leurs adeptes que l'affaire était bien telle que ces individus la décrivaient et que Bani Marwân méritait plus (le califat) que 'Ali et ses enfants, de par leur lien de parenté avec 'Uthmân. Ils se chargèrent donc de venger sa mort. En faisant cela, ils pouvaient donc unir les cœurs des gens contre 'Ali et ses fils, et les inciter à le combattre, ainsi que ses enfants. Ils revendiquèrent alors la royauté, et c'est ce qui arriva.

     

    Certains disaient en privé à ceux qu'ils tenaient dans la confidence, une parole dans ce  sens  :  "Aucun  parmi  les  Compagnons  n'était  incapable  de  causer  du  mal  à Uhtmân plus que 'Ali." On demanda : "Alors pourquoi les gens l'ont-ils dénigré ?" Il répondit : "La royauté (i.e. la fin du Califat) n'aurait pas été instaurée sans cela."

     

    Le sens de cela est que s'ils n'avaient pas détourné les cœurs des gens de 'Ali et de ses enfants, et s'ils ne leur avaient pas attribué l'injustice causée à Uthmân, les cœurs ne ressentiraient aucune sympathie pour eux, pour ce qu'ils reconnaissaient comme nobles caractéristiques et qualités honorables (chez 'Ali et ses enfants). Ils se sont donc précipités à suivre ces individus et à leur prêter serment d'allégeance.

     

    C'est pour cette raison que la dynastie Umeyyade s'acheva et que les gens cessèrent d'obéir.

     

     

    Le Remède

     

     

    Si quelqu'un est éprouvé par ce type de complot, qu'il craigne Allah, recherche Son assistance et qu'il soit patient. Car certes, la bonne fin est pour la Taqwa (i.e. ceux qui craignent et qui obéissent à Allah), comme ce que dit Allah, après avoir raconté  l'histoire  de  Mousa -‘alayhi salam-, avec les  préjudices, méchancetés et machinations (du Pharaon) qu'il a endurés :

     

    « Ainsi avons-nous raffermi Joseph dans le pays »

    [Yusuf : 21]

     

    Et Allah a dit, en rapportant ce que Mousa a dit à ses frères :

     

    « Je suis Joseph, et voici mon frère. Certes, Allah nous a favorisés. »

    [Yusuf : 90]

     

    Et Le Plus Haut dit dans l'histoire de Mousa -‘alayhi salam-, et ce qu'il a subi avec son peuple comme préjudices du Pharaon et son machiavélisme, il (Mousa) dit à son peuple :

     

    « Demandez aide auprès d'Allah et soyez patients, car la terre appartient à Allah. Il en fait héritier qui Il veut parmi Ses serviteurs. Et la fin heureuse sera aux pieux »

    [Al-A'raf : 128]

     

    De plus Allah nous informe que les mauvaises conséquences des machinations retombent sur leur auteur :

     

    « Cependant, la manœuvre perfide n'enveloppe que ses propres auteurs ».

    [Al-Fâtir : 43]

     

    Et Allah dit :

     

    « Ainsi, Nous avons placé dans chaque cité de grands criminels qui y ourdissent des complots. Mais ils ne complotent que contre eux-mêmes et ils n'en sont pas conscients. »

    [Al-An'âm : 123]

     

    Et c'est un fait avéré dans la réalité. En effet, si une personne fait une recherche minutieuse sur les peuples et l'histoire du monde, elle trouvera des situations de complots entre frères, mais le complot s'est retourné contre son auteur. Et ce qui est le plus surprenant est que ce fut une cause de son salut et de sa délivrance.

     

    Si nous devions mentionner les cas qui se sont déroulés ainsi, le traité serait long et la discussion se serait prolongée.

     

    Allah est Celui qui garantit ce qui est juste et c'est Lui qui explique la Voie correcte. Il nous suffit et Il est le meilleur des Gardiens.

     

    Que la paix et le salut d'Allah soient sur Muhammad, sa famille et ses compagnons.

     

    Par l’imam Zayn ad-Din Ibn Rajab al Hanbali

     

     

    La différence entre le conseil et la critique -

     

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