•  Ibn Al Qayyim

    Lorsque le Prophète –sal Allahou ‘alayhi wa salam- prit serment d’allégeance [des Ansârs] à Al-‘Aqabah, il ordonna à ses compagnons d’émigrer vers Médine. La tribu de Quraysh vit que le nombre de ses compagnons avait augmenté et qu’ils allaient donc protéger le Prophète -sal Allahou 'alayhi wa salam-.

     

    Ils se réunirent alors pour trouver un stratagème. Certains proposèrent de l’emprisonner, d’autres de l’expulser, mais finalement ils se mirent d’accord pour le tuer. Le messager [Jibril] vint alors du ciel [au Prophète -sal Allahou 'alayhi wa salam-] avec cette nouvelle et lui ordonna de quitter sa couche que ‘Ali occupa à sa place. Et le véridique [Abu Bakr] se leva pour l’accompagner dans son voyage.

     

    Lorsqu’ils quittèrent les demeures de la Mecque, l’attention d’Abu Bakr –radi Allahou ‘anhou- redoubla. Parfois, il redoutait quelque embuscade, et marchait alors devant le Prophète -sal Allahou 'alayhi wa salam-.

     

    D’autres fois il pensait au fait qu’ils étaient suivis et marchait derrière lui ou encore à droite et à gauche, jusqu’à arriver à la grotte.

     

    Abu Bakr entra en premier afin de protéger [le Prophète -sal Allahou 'alayhi wa salam-] de tout mal qui aurait pu s’y trouver. Allah –ta’ala- fit alors pousser un arbre inexistant à ce jour qui protégea le poursuivi [le Prophète -sal Allahou 'alayhi wa salam-] et mystifia le poursuivant [Quraysh]1 (note importante à lire) .

     

    Une araignée se mit à l’entrée de la grotte et tissa une toile semblable à un voile, si bien qu’elle masqua au poursuivant celui qu’il cherchait. Allah –ta’ala- envoya deux pigeons qui firent un nid à cet endroit, de façon à être tel un voile sur les yeux des poursuivants. Et c’est là une manière plus forte encore de montrer la faiblesse des ennemis d’Allah que de les vaincre les armes à la main 2(note importante à lire).

     

    Lorsque les poursuivants furent au-dessus de leur tête, au point que le Prophète -sal Allahou 'alayhi wa salam- et Abu Bakr pussent entendre leur voix, Abu Bakr dit, alors que son anxiété avait redoublé : « Ô Messager d’Allah -sal Allahou 'alayhi wa salam- !

     

    Si l’un d’entre eux regardait sous ses pieds, il nous verrait. » Le Messager d’Allah -sal Allahou 'alayhi wa salam- dit : « Ô Abu Bakr !


    Que penses-tu de deux personnes, dont le troisième est Allah ? » Lorsque le Prophète -sal Allahou 'alayhi wa salam- vit que la tristesse [d’Abu Bakr] grandissait –par pour lui-même [mais pour le Prophète -sal Allahou 'alayhi wa salam-] – il renforça son cœur en lui annonçant cette bonne nouvelle :

    [Ne t’afflige pas, car Allah est avec nous] 3

    Ainsi, le secret de cette union [dans le voyage] apparut clairement tant au niveau de la formulation [du verset] que de son statut juridique et de son sens. On disait ainsi : le Messager d’Allah -sal Allahou 'alayhi wa salam- et son compagnon –radi Allahou ‘anhou-.


    Et lorsque le Prophète -sal Allahou 'alayhi wa salam- mourut, on dit : le successeur du Messager d’Allah -sal Allahou 'alayhi wa salam-, alors qu’après Abu Bakr, on ne nommait plus le gouverneur en le liant au Messager d’Allah -sal Allahou 'alayhi wa salam-, on disait simplement : le Commandeur des croyants.

    Ils restèrent trois jours dans la grotte puis en sortir, et le destin dit : tu entreras [à Médine] comme nul autre avant toi et d’une manière qui ne se reproduira pour personne d’autre après toi.

    Ils s’enfoncèrent dans le désert, et alors qu’ils furent sur le point d’être rejoints par Suraqah ibn Malik, le Prophète -sal Allahou 'alayhi wa salam- lui envoya une flèche tirée du carcan de ses invocations, et les pattes de son cheval s’enfoncèrent dans le sol jusqu’au ventre. Lorsqu’il réalisa qu’il ne pourrait les rejoindre, Suraqah proposa de l’argent à celui qui avait refusé les clés de tous les trésors du monde, et il proposa des vivres à celui qui était repu

    … « Je demeure auprès de mon Seigneur, Il me nourrit et m’abreuve. »4

    [L'honneur] d'être le deuxième des deux fut réservé à Abu Bakr, et il est aussi le deuxième homme à avoir embrasser l'islam [après le Prophète -sal Allahou 'alayhi wa salam- ], et le deuxième dans le don de sa personne, dans l'ascétisme, la compagnie du [Prophète -sal Allahou 'alayhi wa salam-] , le califat , l'âge5 et les causes de son décès. En effet le Prophète -sal Allahou 'alayhi wa salam- est mort des conséquences [tardives] du poison [consommé durant la bataille de Khaybar], et Abu Bakr lui aussi est mort empoisonné.

    Parmi les dix promis au Paradis, cinq se sont convertis par sa cause: 'Uthmân, Talhah, AZ-Zubayr, Abd Ar-Rahman ibn 'Awf et Sa'd ibn Abbi Waqqas.

    Le jour où il a embrassé l’islam, il possédait quarante mille dirhams, qu'il donna en aumône au moment où l'islam en avait le plus besoin. C'est pourquoi il en a obtenu une telle récompense, [exposée dans la parole du Prophète -sal Allahou 'alayhi wa salam- ] : « Aucun ne m'a été plus utile que les dons d'Abu Bakr. »6

    Il est meilleur que le croyant de la famille de pharaon, car ce dernier cachait sa foi, alors qu'Abu Bakr l'a exposée. Il est également meilleur que le croyant de la sourate Yâ-Sîn, car ce dernier a lutté une heure, alors qu'Abu Bakr a combattu plusieurs années.

    Il vit l'oiseau du besoin planer au-dessus de la graine de la générosité et crier:

    [Quiconque prête à Allah de bonne grâce, Il le lui rendra multiplié plusieurs fois.]7


    Il lui jeta la graine des biens sur le jardin de l'agrément puis s'est étendu sur le lit de la pauvreté. L'oiseau mit alors cette graine dans le jabot de la prolifération, puis s'éleva au-dessus des branches de l'arbre de la véracité, chantant diverses louanges. Puis il se tint sur le sanctuaire de l'islam en récitant:

    [Alors qu'en sera épargné les pieux, qui donne ses biens en se purifiant.]8

    Les versets et les narrations [prophétiques] montrent ses vertus, et tous les Muhâjirûn et les Ansârs ont été unanimes pour lui prêter serment d'allégeance.

    Ô vous qui le détestez ! Vos cœurs s'embrasent lorsqu'on le cite ! Et chaque fois qu'on rappelle ses vertus, votre humiliation grandit ! Les chiites mécréants n'entendent-ils pas [la Parole d'Allah]:

    [Deuxième de deux lorsqu'ils étaient dans la grotte.]9

    Lorsqu'Abu Bakr fut invité à embrasser l'islam, [il accepta] sans bafouiller ni refuser. Il a acheminé sur la voie droite sans s'en éloigner et sans fauter. Il a enduré durant toute sa vie le danger des poignards et le reflet des sabres. Il n'a fait qu'augmenter ses aumônes sans jamais les diminuer jusqu'à la mort. Par Allah ! Pour chaque dinar, il en ajoutait un deuxième.

    [Deuxième de deux lorsqu'ils étaient dans la grotte.]

    Qui fut le compagnon du Prophète -sal Allahou 'alayhi wa salam- durant son enfance ?

    Qui fut le premier croyant parmi ses Compagnons ?

    Qui s'est prononcé sur un jugement en sa présence et en précédant sa réponse ?

    Qui est le premier à avoir prié avec Lui ?

    Qui est le dernier à avoir dirigé la prière devant Lui ?

    Qui a été enterré avec lui après sa mort ?

    Alors reconnaissez le droit du proche [litt: le voisin] !

    Le jour de l'apostasie il est resté ferme avec compréhension et avec éveil, et il a exposé avec une preuve du Coran, un sens qui avait échappé aux esprits les plus clairvoyants.

    Celui qui aime [Allah et son Messager] se réjouit de ses mérites, tandis que celui qui [les déteste] s'en irrite. Malheur au chiite qui fuit les assises dans lesquelles on le cite, mais où fuir ?

    Combien de fois a t'il protégé le Prophète -sal Allahou 'alayhi wa salam- de ses biens et de sa personne ? Il fut son compagnon privilégié durant sa vie et il est allongé à ses côtés dans la tombe. Ses mérites sont évidents et ne souffrent d'aucunes ambiguïtés. Qui donc peut cacher la lumière du soleil quand il est à son zénith ?

    Ils pénétrèrent dans une grotte inhabitée et le véridique prit peur de la tournure des événements, le Prophète -sal Allahou 'alayhi wa salam- lui dit alors : « Que penses-tu de deux personnes, dont le troisième est Allah ? » La quiétude descendit alors sur lui et dissipa la peur des événements, l'angoisse disparu et il se plut à rester [dans la grotte avec le Prophète -sal Allahou 'alayhi wa salam-]. Le héraut du secours lança alors du haut des minarets de toutes les cités:

    [Deuxième de deux lorsqu'ils étaient dans la grotte.]

    Par Allah ! L'aimer est la base de la croyance authentique [Al-Hanîfiyyah], et le détester dévoile une nature malveillante. Il est le meilleur des Compagnons et des proches, et les preuves à ce sujet sont très fortes. Sans le bien-fondé de son imamat, Ibn Al-Hanîfiyyah n'aurait pas dit : [« Il fut le meilleur [des Compagnons] lorsqu'il a embrassé l'islam, et ce jusqu'à ce qu'Allah reprenne son âme. »]... Doucement ! Doucement ! Car le sang des chiites bouillonne.

    1 Le hadith concernant l’arbre qui aurait poussé devant la grotte n’est pas authentique. Voire Al-Bidâyah wa-n-Nihâyah (3/181)

    2 L’histoire de l’araignée et des pigeons n’est pas authentique. Voir Al-Bidâyah wa-n-Nihâyah (3/181) et Ad-Da’ifah (1128-1129)

    3 Sourate At-Tawbah, v.40.

    4 Al-Bukhari (1965), Muslim (1103).

    5 Comme le Prophète -sal Allahou 'alayhi wa salam-, Abû Bakr est mort à 63 ans.
    An-Nasa’i, Ibn Majah (94) …

    6 Sourate Al Baqarah. V.245.

    7 Sourate Al-Layl, v.17-18.

    8 Sourate At-Tawbah, v.40.

    9 Sourate At-Tawbah, v.40.

    [Source : « Les médiations » (Al-Fawaïd), Ibn Al Qayyim, Editions Tawbah, pp. 160-165.]

    LES MÉRITES D'ABU BAKR LE VÉRIDIQUE (RADIALLAHU'ANHU)

     

     

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